Ma lecture subjective de l'actualité de la semaine
Akhannouch, sur un petit nuage; Les FAR structurent leur Communication; Quel futur pour le Maroc dans la reconfiguration du Moyen-orient ?
Aziz Akhannouch, sur un petit nuage
Depuis quelques semaines tout ou presque tout semble lui sourire. Un alignement des astres parfaits. Epargné de l’Israel-bashing, propulsé au devant de la scène diplomatique après l’éclipse de Nasse Bourita, sacré négociateur en chef dans le dossier de la réforme de l’éducation nationale au dépend des stars de son gouvernement Lekjaa et Benmoussa et last but not least son nom est désormais lié à la loi n° 58.23 relative au premier régime d'aide sociale directe au Maroc.
Sur le plan politique, Akhannouch a fait passer sa LF 2024 tout en affaiblissant ses adversaires. Le remaniement peut désormais se faire et la composition du gouvernement Akhannouch 2 devrait préparer le terrain aux élections de 2026.
Comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, le Chef du Gouvernement s’est vu enlever une grosse épine du pied. Celle du rapport “Driss Guerraoui” sur l’entente des prix des pétroliers dont Afriquia, la vaisseau amiral de l’empire Akhannouch.
Driss Guerraoui, le plus maladroit et le plus détesté des Secrétaires généraux du CESE, a été casé à l’académie du Royaume, concomitamment avec le verdict du Conseil de la concurrence sanctionnant les pétroliers d’une amende transactionnelle de plus de 160 millions d’euros.
Akhannouch, bien qu'étant un homme politique impopulaire, s'est révélé être au cœur des politiques stratégiques de l'État.
Il est aujourd'hui directement ou indirectement impliqué dans les détentes diplomatiques avec Paris et Madrid. Le dénouement de l'affaire des prix des hydrocarbures soulage TotalEnergies et s'inscrit dans l'apaisement progressif des relations entre Rabat et Paris.
Par ailleurs, l'annonce de l'attribution au consortium composé d'Afriquia Gaz, de l'Espagnol Acciona et de Green of Africa pour la construction et l'exploitation de la méga-station de dessalement du Grand Casablanca a été faite le jour même où Pedro Sanchez a réussi la formation d’un gouvernement.
Aziz Akhannouch serait-il le garant de l’investissement espagnol au Maroc? Fera-t-il oublier à nos voisins le fiasco Fadesa ?
Les FAR prennent en main leur communication
La Grande Muette se convertit aux réseaux sociaux. Les FAR ont désormais des comptes certifiés sur X-Twitter, Instagram, Facebook et Youtube.
La Grande Muette s'est retrouvée propulsée sur le devant de la scène médiatique, quelque peu malgré elle, lorsque les Américains ont transformé les exercices 'Africa Lions' en un événement mondial hautement médiatisé.
Les armées du monde entier, principalement actives sur Twitter, ont commencé à partager pour la première fois des images des exercices, dévoilant équipements et soldats des Forces Armées Royales (FAR).
En 2019, les FAR ont créé un compte Twitter, MoroccanArmed, faisant doublant et de l’ombre ainsi avec l'unique source d'information militaire marocaine en ligne, le célèbre forum FAR Maroc.
L'engagement exceptionnel et décisif des FAR dans le sauvetage des victimes du séisme d'Al Haouz, leur réaction face à la dernière attaque du Polisario sur Semara, et la nécessité de contrer la propagande organisée de l'ennemi concernant les opérations militaires au Sahara Marocain ont semble-t-il incité le nouvel Inspecteur général des Forces armées royales à prendre en main la communication et à structurer leur présence sur les réseaux sociaux, à l'instar des autres armées professionnelles du monde.
En signe fort de cette nouvelle orientation, le forum Far-Maroc a annoncé un changement de nom, simultanément à la mise en ligne des Forces Armées Royales de leurs comptes officiels sur les réseaux sociaux.
Quel futur pour le Maroc dans la reconfiguration du Moyen-orient ?
Les guerre en Ukraine et à Gaza ont permis aux États-unis de reprendre la main sur sa confrontation avec la Chine.
L’Europe allemande et le Moyen-orient israélo-émirati sont devenus, surtout après Trump, le ventre mou de l’ordre mondial, dépendant lourdement de la Chine tout en lui exportant des technologies sensibles. Une situation devenue intenable pour Washington perturbant ses actions pour contenir son adversaire du Soleil levant.
L’affaiblissement de l’Europe par l’invasion russe de l’Ukraine a servit les intérêts stratégiques du Maroc. Le Royaume s’est imposé comme l’un des rares pays du Sud fiable et solide.
Toutefois, le coup dur apporté à Israël, aux E.AU et à l’Arabie saoudite et la montée en puissance du Qatar et de l’Iran perturbe la lecture de la position du Royaume dans cette nouvelle configuration voulue par les démocrates américains.
La Chine reste le seul acteur qui se maintient en dépit de la confusion des guerres en Ukraine et à Gaza.
En l'espace d'un an, entre les dernières rencontres en face à face de Joe Biden et Xi Jinping - du G20 en Indonésie à la semaine des dirigeants de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco - l'histoire ne se répète ni ne rime. Elle semble plutôt s'accélérer à un point où une analyse approfondie devient presque impossible.
Durant cette période, Washington et Pékin ont convenu de dépasser les conséquences de la visite à Taïwan de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui avait conduit à une rupture des discussions militaires et à une détérioration de toute bonne volonté restante, pour ensuite faire face à une autre crise provoquée par un ballon espion chinois manœuvrant dans l'espace aérien américain.
Alors que les incidents évités de justesse dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale entre les navires et les avions exploités par les militaires américains et chinois se multipliaient, Pékin a résisté à la réouverture des discussions militaires, car, selon les analystes, il soupçonne que les Américains les utiliseraient pour légitimer leur présence dans des zones que le gouvernement chinois considère comme ses eaux territoriales.
Sur le front diplomatique, au moins, les engagements ont commencé à s'intensifier avec une série de voyages à Pékin par les principaux membres du cabinet de Biden, commençant par le secrétaire d'État Antony Blinken, la secrétaire au Trésor Janet Yellen et la secrétaire au Commerce Gina Raimondo.
Le Maroc, de son côté, marque sa distance par rapport au tumulte du Proche-Orient. L'appel du Roi Mohammed VI, visant à renforcer la position du Royaume au sein de l'Afrique Atlantique, installe le pays sur une trajectoire de développement en adéquation avec l'architecture du nouvel ordre mondial, où cohabitent la Chine et les États-Unis.
La manifestation concrète de cette tendance se reflète dans les récents accords de partenariat signés entre le groupe Al Mada, sa filiale Managem, et des sociétés chinoises.